Phase 2 – Les effets de la médiation culturelle (2009 à 2013)

La deuxième phase, qui s’est étendue de 2009 à 2013, a permis d’améliorer la compréhension des pratiques de médiation culturelle par une analyse sur trois ans portant spécifiquement sur des projets choisis pour leur caractère exemplaire ou novateur. Cette étude a contribué à mesurer l’impact des actions culturelles sur le développement urbain, à l’heure où la question du rapprochement entre les citoyens et de la participation active à notre culture prend une place importante dans le développement de la métropole.

Présentation générale de l’étude et de ses résultats

[youtube]http://youtu.be/y67AapO-2-I[/youtube]Une entrevue avec Danièle Racine, agente de développement culturel à la Ville de Montréal ; Anouk Bélanger, professeure de sociologie à l’Université du Québec à Montréal ; et Louis Jacob, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal.

Le microsite de l’étude 

Les résultats de cette étude sont disponibles sur le microsite:  http://etude.montreal.mediationculturelle.org/

Nouvelle1

La phase II de cette étude sur la médiation culturelle s’inscrit dans une démarche de réflexion et d’évaluation menée par l’équipe de la Ville de Montréal, avec ses partenaires du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, et les chercheurs Louis Jacob et Anouk Bélanger du Département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal.

 

Une étude sur les effets de la médiation culturelle

L’équipe de recherche a entrepris son étude d’évaluation en 2009, avec l’étroite collaboration des participants, des artistes et des intervenants de six projets de médiation culturelle soutenus par la Ville et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine : Labyrinthe artistique (de l’organisme culturel Péristyle Nomade) ; Ateliers parcellaires (du centre d’artistes en arts visuels et médiatiques Oboro) ; On se raconte (de l’arrondissement Saint-Laurent) ; L’atelier (de la compagnie de danse jeune public Bouge de là) ; Les P’tits Loups (du Festival du nouveau cinéma) ; et Les «déjà-prêts / ready-mades» (de la Maison de la culture Côte-des-Neiges).
L’équipe fera connaître au printemps 2014 les résultats de l’étude. En voici quelques éléments préliminaires.

Nos activités de recherche, en quelques chiffres

  • 46 observations dans les différents lieux de la médiation
  • 29 entretiens approfondis avec des artistes et des intervenants
  • 9 groupes de discussion et sondages auprès des participants
  • 25 rencontres de coordination et discussion en équipe

Quels effets ? Pourquoi ?

La méthode de recherche est adaptée aux projets afin de respecter les différents publics et les particularités de chacune des activités. Il y a plusieurs façons de pratiquer la médiation culturelle, il n’y a donc pas une seule et unique manière de s’engager dans une étude d’évaluation.
Nous concevons l’évaluation comme un exercice de réflexion, un processus d’apprentissage et d’échange, et non comme un outil de contrôle ou de mesure de performance. Dans ce modèle, tous les acteurs de la médiation réfléchissent au déroulement et aux finalités du projet, ils expriment leurs besoins, leurs aspirations et leurs buts.
L’évaluation porte sur les petits et les grands succès, mais aussi sur les déceptions, les dilemmes, les désaccords, les effets négatifs, voire les échecs. Nous cherchons à comprendre comment ces obstacles sont pensés et négociés dans chacun des projets. L’exercice concerne donc les participants, mais aussi les artistes, les intervenants et les organismes, qui sont invités à identifier les effets individuels et collectifs de la médiation, les retombées immédiates et les impacts à plus long terme, par exemple sur le développement personnel, les réseaux de collaboration, la solidarité ou la vie civique.
L’évaluation consiste essentiellement à décrire les activités et les moyens utilisés, clarifier les enjeux, souligner les points forts du projet, et émettre des recommandations susceptibles d’améliorer les pratiques. Elle contribue à une meilleure connaissance des activités sur le terrain, et plus largement à une meilleure compréhension des pratiques de médiation culturelle.

Perspectives générales

puce1 Les observations confirment de nombreuses hypothèses et données récoltées lors de la première phase de la recherche, en 2008-2009 (Répertoire raisonné des activités de médiation culturelle à Montréal, PDF – 71 pages). La sélection des projets s’avère judicieuse puisque nous sommes en présence d’un large éventail de pratiques qui soulèvent les questions clés de la médiation culturelle.
puce1 Les activités touchent des personnes de tous âges et de toutes provenances. Attentes et satisfaction ne vont pas nécessairement de pair. Un projet moins réussi sur le plan des réalisations artistiques peut, par exemple, être très riche et satisfaisant sur le plan relationnel ou communautaire.
puce1 Il existe des avantages intrinsèques (liés par exemple au plaisir esthétique, aux qualités ludiques et cognitives de l’activité, à la socialité, à l’ouverture de nouveaux horizons culturels) qui, même s’ils ne sont pas explicitement attendus, sont immédiatement gratifiants pour les participants.
puce1 La collaboration à un processus de création et la diffusion d’une œuvre collective peuvent s’avérer des outils de développement personnel (reconnaissance, valorisation, estime de soi, etc.) et encourager les participants à aller de l’avant dans leur projet de vie.
puce1 Le rôle que jouent les artistes et les intervenants dans les activités de médiation culturelle demeure très ouvert. Les projets constituent pour eux une occasion de partager des connaissances et des savoir-faire. Les projets peuvent aussi provoquer de nouvelles pratiques, ou déstabiliser, voire remettre en question certaines habitudes.
puce1 Les organismes porteurs de projet et leurs partenaires œuvrent souvent dans des contextes changeants ou incertains, en particulier lorsque les publics sont nouveaux pour eux. Pour rejoindre les gens et maintenir l’intérêt de tous, il faut faire face aux imprévus. Les partenariats sont très importants, et les organismes qui développent des affinités peuvent ainsi se forger une réelle connaissance des milieux.
puce1 Bien que cela ne figure pas au centre des objectifs de recherche, la question de la distribution des fonds publics consacrés aux arts et à la culture apparaît comme un sujet de préoccupation chez plusieurs des personnes interrogées dans le cadre de notre étude.
puce1 La volonté de créer des collaborations et favoriser l’expression culturelle repose sur la conviction profonde que la culture et les arts permettent un développement social mieux intégré, qui dépasse le cadre strict de l’activité ou du projet de médiation. Les enjeux de la médiation touchent toute la vie en société.

Conclusions… à suivre

Le processus d’évaluation, ainsi que nous l’avions entrevu dans notre plan en 2009, doit tenir compte des caractéristiques essentielles de chacune des activités de médiation, des activités qui laissent une large place à l’intuition et à l’innovation. Dans le cours de chacun des projets comme après coup, certains critères d’auto-évaluation se dessinent et sont partagés entre les acteurs. Ces critères concernent avant tout la qualité de la relation entre les intervenants et les participants, ainsi que les bénéfices intrinsèques de l’activité pour les uns et les autres.
Inscrite dans le quotidien et la réalité unique des gens, la médiation est un geste qui se vit dans l’instant présent, dans des lieux spécifiques. Saisir où en est la médiation culturelle à Montréal et comprendre ce vers quoi elle se dirige exige pourtant de la réflexion et un esprit critique. Nous croyons que c’est ce que peut apporter une évaluation réussie, qui s’appuie sur la contribution de toutes les personnes concernées.
L’équipe de recherche remercie chaleureusement toutes les personnes qui acceptent de participer à l’étude.
L’équipe est composée de Nathalie Casemajor, Romain Guedj, Julie Simard, Emmanuelle Sirois et Anouk Sugàr, sous la direction de Louis Jacob et Anouk Bélanger.
Coordination de l’étude partenariale : Louis Jacob et Danièle Racine.

Modèle de recherche

Le modèle de recherche proposé pour cette deuxième phase est directement lié aux analyses et conclusions de la phase 1 qui a permis de dresser un portrait de la médiation culturelle à Montréal et d’établir une première typologie des projets analysés. Réalisée sur trois ans, la deuxième phase permettra d’assurer le suivi de six projets de médiation culturelle qui auront été choisis pour leur caractère exemplaire ou novateur.
La méthodologie privilégiée, l’évaluation qualitative, est un outil de réflexion qui se penche essentiellement sur les processus et les résultats inhérents à chacun des projets, et concerne directement les organismes artistiques et culturels, les artistes, les intervenants, les participants et les publics. L’évaluation consiste essentiellement à clarifier les enjeux, identifier les points forts des projets et à émettre des recommandations susceptibles d’améliorer les pratiques. Elle contribuera à une meilleure connaissance des activités, et plus largement à une meilleure compréhension des pratiques de médiation culturelle.
Cette recherche repose sur les principes de participation, de transparence, d’autonomie et de réflexivité, des principes reconnus par le Réseau québécois de recherche partenariale en économie sociale (RQRP-ÉS), auquel est affilié le Groupe de recherche sur la médiation culturelle. Plus spécifiquement, ce modèle prétend qu’une évaluation pertinente, qui a toutes les chances de réussir et qui pourra avoir des retombées bénéfiques immédiates, doit satisfaire aux deux conditions suivantes :
puce1 être participative, en impliquant une participation volontaire, active et inclusive;
puce1 être formative, en intégrant un exercice de réflexion continu au projet.
Ce modèle s’inspire également de celui qui a été éprouvé dans divers programmes publics, agences et organismes, et consigné dans des documents qui font autorité. Les chercheurs ont notamment puisé dans le Guide de la GR sur l’établissement de chaînes de résultats diffusé par l’Agence canadienne de développement international (ACDI, 2000), les Lignes directrices relatives aux rapports d’évaluation des projets du Fonds pour la recherche et le développement des connaissances, préparé par l’Unité d’évaluation de Sécurité publique et protection civile du Canada (SPPC, 2007), et le document L’évaluation dans la culture : pourquoi et comment évaluer?, produit par le Pour-cent culturel Migros et la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia (De Perrot et Wodiunig, 2008).
Il va sans dire que ces guides ne proposent d’aucune façon une recette infaillible qui conviendrait parfaitement aux activités de médiation soutenues dans le cadre de l’Entente entre la Ville et le MCCCF. Le modèle sera précisé et adapté à la réalité montréalaise, en fonction des besoins et des attentes propres à chacun des projets évalués. Cette démarche participative et réflexive est nécessaire et contribuera à identifier les dynamiques actuelles du développement culturel à Montréal.