Portrait global de la médiation culturelle dans le programme Hors les murs

Pour marquer les dix ans d’existence du programme Hors les murs, la maison de la culture de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension a fait un premier bilan des activités de médiation culturelle qui y ont été organisées. Depuis la mise en place de ce programme, environ 130 projets ont été réalisés, impliquant des dizaines d’organismes, d’artistes et d’intervenants. Ces projets ont suscité la participation de milliers de personnes partout dans l’arrondissement, à la maison de la culture de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, mais aussi dans les écoles, les théâtres, et même dans la rue.

L’équipe de Hors les murs a voulu dessiner le visage de la médiation culturelle dans l’arrondissement en revenant sur les tâtonnements, les réussites, les erreurs et les réflexions qui ont construit ce programme au fil des années. Pour cela, elle s’est appuyée sur son expérience et sur les données enregistrées dans les dossiers qui ont été réalisés entre 2007 et 2017, ainsi que sur les recherches réalisées dans une vaste étude sur la médiation culturelle, « Les effets de la médiation culturelle : participation, expression, changement » lancée par le service de médiation culturelle de la Ville de Montréal et par une équipe de chercheurs entre 2008 à 2014.

 

Les réflexions développées ont permis d’établir un portrait unique de la médiation culturelle dans le programme Hors les murs. À qui s’adresse la médiation culturelle dans l’arrondissement ? Quelles disciplines artistiques sont le plus souvent concernées ? Comment se développent les projets ? Quels types d’activités sont proposées au public ? Mais aussi, quelles ont été les difficultés rencontrées au fil du temps et comment ont-elles été surmontées ? Quelles sont les conditions pour qu’un projet fonctionne ?

Si la maison de la culture de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension a forgé un programme de médiation culturelle singulier, adapté aux réalités de l’arrondissement et aux besoins de ses résidents, nous espérons que son cheminement pourra bénéficier à d’autres diffuseurs, organismes et artistes intéressés par la médiation culturelle.

La participation aux activités de médiation culturelle

Les activités de médiation culturelle du programme Hors les murs s’adressent principalement à des petits groupes de personnes. Elles impliquent à 95 % une participation active, qui dépasse le cadre d’une visite guidée, et elles permettent au public d’entrer en contact avec la discipline au travers de discussions avec les artistes ou d’ateliers de création au cours desquels le public s’approprie un savoir-faire.

Ces observations tirées de l’analyse de dizaines de projets de médiation culturelle réalisés ces dix dernières années correspondent à l’une des conclusions de l’étude « Les effets de la médiation culturelle : participation, expression, changement » sur les conditions nécessaires pour qu’un projet ait toutes les chances de réussir. L’activité doit :

  1. Être participative, en impliquant une participation volontaire, active et inclusive ;
  2. Être formative, en intégrant un exercice de réflexion continu au projet.

Les clés de la réussite de la médiation culturelle
à la maison de la culture de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension

L’ÉVOLUTION D’UNE PRATIQUE

Le programme Hors les murs offre une vaste gamme d’activités de médiation culturelle qui prennent différentes formes :

Des animations incluant l’art amateur à l’art professionnel permettent d’atteindre un public large qui n’a pas l’habitude de fréquenter des lieux culturels. La fête de Noël dans Parc-Extension ou le Souk, qui a offert pendant plusieurs années dans Saint-Michel des spectacles et un marché d’œuvres d’artistes du quartier sélectionnés par un comité professionnel, ont touché un vaste public de plus de 300 personnes à chaque fois. Ce sont des activités très mobilisatrices qui permettent d’intégrer l’art professionnel à des événements communautaires et de créer des rencontres fortuites entre l’art et les gens.

La fête de Noël à Parc-Extension

Pendant plusieurs années, la maison de la culture a pris part à l’organisation de la fête de Noël pour les résidents du quartier Parc-Extension, une fête dans laquelle pratiques artistiques professionnelles et amateures se côtoyaient. Autour de 300 personnes ont assisté chaque année à un spectacle pour la famille offert dans le Centre William-Hingston. Pendant l’entracte et à la fin du spectacle, de courts numéros de danse et de guitare étaient présentés par des adultes et des jeunes faisant partie d’associations locales. Des activités de maquillage, des dégustations, ou des animations autour du livre étaient également proposées par la suite. Mais le clou du spectacle était la visite d’un père noël haïtien qui venait à la rencontre des enfants. Plusieurs organismes se sont joints à la fête chaque année, ce qui a permis aux résidents de l’arrondissement de s’approprier le lieu culturel dans un contexte accueillant et facile d’accès.

 

Photo: Un spectacle de danse amateur à l’entracte de la fête de Noël de Parc-Extension en 2010

Des activités de médiation plus classiques, comme des visites guidées d’exposition ou des discussions avec les artistes à la fin des spectacles, démystifient le travail créateur et favorisent l’accessibilité de disciplines artistiques qui peuvent être intimidantes. Ces activités accompagnent une programmation de 80 spectacles par année et d’environ huit expositions. Elles se développent beaucoup en partenariat avec les centres de francisation de l’arrondissement comme le Centre William-Hingston, le Centre Yves-Thériault ou le Centre Gabrielle-Roy afin de permettre aux nouveaux résidents d’entrer en contact avec l’art sans que la langue soit un obstacle.

Des projets de médiation culturelle spontanés ou liés à la programmation sont aussi offerts pour des publics spécialisés en partenariat avec des organismes communautaires. Ce sont des projets qui se déploient sur plusieurs semaines, parfois sur plusieurs mois, et font entrer les participants dans le processus de création de l’artiste. Ils nécessitent davantage d’implication de la part de l’équipe de la maison de la culture qui rencontre l’artiste ou la compagnie en amont, contacte les organismes impliqués, et accompagne tous les acteurs et tous les participants du projet pendant le déroulement du projet. Parfois, l’activité de médiation culturelle n’est pas rattachée à la programmation culturelle. Elle résulte alors d’une étincelle née de la rencontre avec un ou une artiste.

Avec le temps, l’équipe a appris à planifier sur de plus longues périodes le temps de préparation et de réalisation de ces projets spéciaux. C’est d’ailleurs un des gages de réussite qui s’affirme de projet en projet. Étant donné que les projets de médiation impliquent des dimensions relationnelles et communautaires, il est important de les développer dans un temps assez long pour créer un climat de confiance, surtout lorsqu’on s’adresse à un public fragile. Mais il faut aussi prendre en compte le fait qu’une partie des projets de médiation implique une création ou une co-création. Les artistes ont alors besoin d’un temps de recherche, d’expérimentation et de réflexion pour intégrer, s’il y a lieu, les résultats des ateliers de médiation culturelle dans leur œuvre.

Le Trunk Collectif, des rencontres inspirantes pour la création 

Fondée en 2006, la compagnie de théâtre Le Trunk Collectif, utilise l’art comme moyen de développement social et comme tremplin. Sa résidence de création à la maison de la culture de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension s’est échelonnée sur plusieurs années. De simples discussions avec les citoyens, les rencontres ont évolué avec le temps tout en faisant par la même occasion évoluer le spectacle que la compagnie créait. Chaque activité a été une source d’inspiration qui a eu un impact postérieur sur la création.

Enfin, les résidences de création La Démarche se construisent autour d’un projet de médiation culturelle développé en collaboration avec l’équipe du programme Hors les murs.

Chaque projet nécessite de relever des défis uniques, et comporte son lot de difficultés. Néanmoins, l’équipe du programme Hors les murs a acquis une expérience qui lui permet de mieux faire face aux imprévus afin d’accompagner les artistes et les participants.

 

« Il n’y a pas de recette miracle pour créer de bons projets de médiation culturelle. Chaque fois, il s’agit de repenser l’équilibre dans la rencontre entre l’artiste, l’œuvre et le citoyen. »
 Martin Hurtubise

 

En 2016, le Service de la culture de la Ville de Montréal a apporté des changements au Programme de médiation culturelle des arrondissements montréalais de la Ville de Montréal.  Alors que les arrondissements déposaient jusqu’alors leur demande de financement projet par projet, ils peuvent maintenant élaborer un plan de médiation sur un an et regrouper tous leurs projets autour d’une priorité, d’un thème ou d’un objectif particulier. Pour l’équipe du programme Hors les murs, cette nouvelle approche permet de planifier l’implication des médiatrices culturelles et de mieux voir venir les projets prévus.

PORTRAIT D’UNE ÉQUIPE IMPLIQUÉE DANS TOUTES LES ÉTAPES DES PROJETS

Avec Hors les murs, les projets de médiation culturelle peuvent avoir plusieurs origines :

  1. Ils peuvent accompagner les spectacles et les expositions de la programmation régulière ;
  2. Ils peuvent être hors programmation, proposés par un artiste ou conçus par la maison de la culture ;
  3. Ils peuvent accompagner une résidence de création.

Dans tous les cas, le projet est soutenu par l’équipe de la maison de la culture qui rencontre à plusieurs reprises la compagnie ou l’artiste afin de l’aider à développer les moyens qui doivent être mis en place pour répondre à ses besoins.

« Un des objectifs pour nous, c’est que ni l’artiste ni les participants ne se sentent instrumentalisés, qu’ils repartent en ayant tous retiré quelque chose de leur expérience. »
— Martin Hurtubise

 

Durant les premières années, l’équipe de diffusion de la maison de la culture était seule pour développer les projets de médiation culturelle avec les artistes et les organismes communautaires de l’arrondissement. Mais de projet en projet, Martin Hurtubise s’est rendu compte que l’implication d’un médiateur ou d’une médiatrice dans le processus est un gage de réussite. Même si c’est toute l’équipe qui accompagne les artistes et qui les aide à développer leur projet de médiation, la médiatrice culturelle joue un rôle important dans le développement de partenariats solides avec les organismes communautaires de l’arrondissement.

À Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, la médiatrice culturelle est intégrée le plus rapidement possible dans le projet. Elle aide à la rédaction des dossiers, elle agit comme intermédiaire entre les attentes de l’artiste engagé dans sa production et les besoins d’un public éloigné de la culture. Elle vulgarise la démarche de l’artiste, construit un cadre rassurant auprès du public et accompagne les participants d’un bout à l’autre du projet. Mais surtout, elle va à la rencontre des gens sur le terrain et devient le visage du programme Hors les murs sur le territoire. Le Programme de médiation culturelle des arrondissements montréalais de la Ville de Montréal permet d’ailleurs de planifier le travail des médiatrices culturelles et de travailler avec les mêmes personnes. Cela facilite la réalisation des projets, puisque les médiatrices connaissent déjà le type de clientèles et les organismes communautaires avec lesquels elles vont s’impliquer.

Éléments, un atelier de cinématographie aquatique pour les enfants à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal

Pour faire découvrir les arts médiatiques aux plus jeunes, l’équipe de la maison de la culture a transformé l’exposition Éléments des artistes Alice Jarry, Hannah Claus et Rosalie Dumont-Gagné, en studio de cinéma pour enfants. Les jeunes des camps de jour et des organismes communautaires de l’arrondissement ont pu jouer les rôles de réalisateur, de bruiteur, de marionnettiste ou d’éclairagiste.

LA PROXIMITÉ : SE DÉPLACER SUR LE TERRITOIRE POUR AMENER L’ART DANS LES QUARTIERS

L’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension a dû relever un défi de taille : développer l’accès aux arts et à la culture sur un territoire étendu et fragmenté par l’autoroute métropolitaine et par la voie ferrée, sans bénéficier de lieux de diffusion adéquats. Pour ce faire, le programme Hors les murs a développé, dans son volet médiation culturelle comme dans ses activités de diffusion, un éventail de projets qui se transposent dans des lieux inusités : CLSC, ruelles, stations de métro, HLM, églises, parcs… afin d’aller à la rencontre des populations directement dans leurs quartiers.

Par exemple, avec le projet Mur en mouvementl’artiste Carlito Dalceggio et de jeunes adultes de Parc-Extension ont créé une murale sur les quatre murs du Chalet du parc Howard.

L’artiste Patsy Van Roost, bien connue sous le nom de « fée urbaine », a recréé la magie de Noël dans le quartier de Villeray en décembre 2015 avec un conte écrit par le poète Bertrand Laverdure et accroché sur 25 portes de maisons et de commerces. À la manière d’un calendrier de l’avent, les familles découvraient chaque jour de décembre un nouveau volet de l’histoire intitulée Les instruments de Sainte-Cécile en se baladant dans les rues du quartier.

« Patsy Van Roost m’a demandé d’écrire un conte qui se déroulait dans le quartier près de l’église Sainte-Cécile, et spontanément la première idée qui m’est venue c’est de faire un conte contemporain, mais qui mettrait en scène la vieille idée des superhéros du passé qui étaient les saints. »
— Bertrand Laverdure

L’INTÉGRATION DES POPULATIONS PAR LA CULTURE 

L’analyse des projets réalisés ces dix dernières années permet d’observer que les projets de médiation du programme Hors les murs s’adressent davantage à des publics ciblés et restreints qu’à un public large. Il faut néanmoins préciser que certaines activités peuvent impliquer plusieurs groupes de personnes. C’est le cas des projets qui accompagnent les expositions présentées dans la salle de diffusion de Parc-Extension. Ils sont offerts à des écoles du quartier, mais aussi adaptés à des classes en francisation et aux clientèles des organismes communautaires de l’arrondissement. Une grande proportion des projets s’adresse aux personnes en situation d’immigration, clientèle importante dans l’arrondissement, ainsi qu’aux jeunes.

Les contes du Nord

L’activité de médiation culturelle Les contes du Nord a pris la forme d’une série d’ateliers avec un groupe de francisation venant du Centre haïtien d’animation et d’intervention sociale (CHAIS) de Parc-Extension, et de la Maison d’Haïti dans Saint-Michel. Au fil des séances animées par le conteur professionnel André Lemelin, les participants ont créé un conte inspiré de la diversité culturelle de l’arrondissement. L’objectif de ce projet était de provoquer des rencontres qui permettent de valoriser cette richesse culturelle tout en faisant découvrir le conte québécois.

Le spectacle a été diffusé dans les trois quartiers avant d’être présenté dans la programmation régulière de la maison de la culture. Au total, ce sont plus de 150 personnes qui ont été touchées par cette création collective. De plus, un DVD interactif a été conçu. Il est disponible dans les bibliothèques de l’arrondissement. Surtout, au-delà de la diffusion de cette production, les bénéfices ont été importants pour les participants qui ont acquis plus de confiance en eux et ont pu faire connaître leur culture, tout en découvrant la culture québécoise.

« Ce fut une des plus belles expériences de ma vie. »
« Je continuerai d’explorer l’écriture et la tradition haïtienne vaudou, mais aussi le conte. »
— Des participants

Des «petites mains» à l’écriture

Le Festival du Jamais Lu, l’organisme Petites-Mains et l’auteure Marcelle Dubois se sont associés pour offrir à des femmes nouvellement immigrantes des ateliers d’écriture dans le cadre d’une classe de francisation. Au travers d’ateliers d’écriture et de discussions, les femmes ont exploré le processus créateur qui permet d’écrire une pièce. Marcelle Dubois a été nourrie par toutes ces rencontres qui l’ont menée à la création d’un docufiction lu à deux reprises, à la maison de la culture et pendant le Festival du Jamais Lu.

Le texte « Québec, je te mangerai un jour » est étonnant. Les femmes y livrent leur vision du monde d’une façon sensible, avec une qualité de réflexion sociale troublante. Plusieurs scènes de la pièce sont directement inspirées des discussions qui ont eu lieu pendant les ateliers.

The Dragonfly of Saint-Michel

Avec The Dragonfly of Saint-Michel, l’arrondissement a voulu utiliser le théâtre comme un outil pour briser le sentiment d’isolement social et culturel qui plane sur la population du quartier Saint-Michel. Ce projet s’est articulé autour du spectacle The Dragonfly of Chicoutimi de Larry Tremblay, mis en scène par Claude Poissant du Théâtre PÀP. Il s’est adressé à une clientèle adulte multiculturelle fréquentant un établissement d’éducation afin d’amener ces derniers à faire des découvertes culturelles, artistiques, personnelles et identitaires.

DES RENCONTRES AVEC DES ARTISTES DE TOUTES LES DISCIPLINES

Globalement, les artistes professionnels sont présents, seuls ou avec d’autres intervenants, dans la majorité des projets de médiation culturelle proposés avec le programme Hors les murs.

Les activités de médiation culturelle sont majoritairement associées aux arts visuels et numériques, puis à la danse et au théâtre. L’importance des arts visuels et numériques peut facilement s’expliquer par la programmation d’expositions qui est toujours accompagnée d’activités de médiation culturelle. Elle repose aussi sur l’expérience qu’ont développée l’agent et les intervenants culturels qui travaillent dans le cadre du programme Hors les murs. Ils ont notamment acquis au fil du temps une bonne connaissance des arts numériques et de leurs enjeux.

Par ailleurs, les infrastructures dont dispose la maison de la culture ont aussi un impact sur la variété et sur la proportion des disciplines artistiques qui sont présentées dans l’arrondissement. La salle de diffusion de Parc-Extension n’est pas équipée pour présenter certaines disciplines artistiques. Pour la danse, par exemple, la salle ne dispose pas de gradins et le public à l’arrière voit mal les danseurs. Pour pallier ce problème, l’équipe accueille les compagnies en résidence dans le cadre de son programme La Démarche. Concernant la musique toutefois, l’aménagement d’un espace de résidence est plus difficile à cause de la proximité des bureaux et de l’absence d’insonorisation.

La femme blanche et Âme nomade

 

En mai 2016, Magali Chouinard a proposé une série de six ateliers créatifs s’articulant autour de l’univers des arts de la marionnette avec des femmes immigrantes de l’organisme Femmes-Relais Saint-Michel. L’artiste souhaitait aborder les thèmes de la relation à soi et de la construction de l’identité. Les participantes ont découvert l’écriture, le modelage, le photomontage et le mouvement. Tout au long des ateliers, elles étaient amenées à explorer un processus d’intériorisation afin d’identifier les « différents personnages » qui construisaient leur propre identité. Le projet a abouti à la réalisation d’un diaporama photo. Les participantes ont pu aussi assister au spectacle La Femme Blanche, présenté dans le cadre de la programmation estivale.

LE RÔLE DES ORGANISMES CULTURELS ET COMMUNAUTAIRES

« La médiation implique des acteurs fortement ancrés dans leur milieu ou ayant développé une expertise dans leur domaine, d’une part, mais aussi, d’autre part, des acteurs confrontés à des situations parfaitement nouvelles ou inusitées. Du point de vue de l’organisme porteur du projet, cela exige donc de créer des liens avec son environnement, voire de redéfinir son environnement. La quasi-totalité des projets s’inscrit dans un réseau, parfois très étendu et hors du champ premier de l’organisme porteur. »
— Étude partenariale : Portrait et impact de la médiation culturelle

 

Grâce à l’expérience accumulée, l’équipe du programme Hors les murs a compris la nécessité de travailler en collaboration avec des partenaires communautaires bien ancrés dans le quartier pour développer des activités de médiation culturelle. Ces organismes connaissent bien la situation des futurs participants et peuvent aider artistes et médiateurs à développer le projet en tenant compte des besoins et de la sensibilité du public. Leur présence assure aussi une plus grande implication des participants dans le projet.

En 2009, le projet Contes du Nord n’a finalement réussi à rassembler que 13 participants au lieu des 30 visés. Certains partenaires se sont retirés du projet en début de parcours parce qu’ils n’avaient pas le temps, la structure ou les moyens de s’impliquer dans des activités de recrutement. Ils ont eu peur de l’engagement que le projet nécessitait.

Cette situation n’arrive plus maintenant. L’équipe du programme Hors les murs a appris à mieux connaître les différents organismes, et donc à mieux cibler les groupes par rapport à chaque projet développé. Avec le temps, il a tissé une grande toile de partenaires culturels et communautaires dans les trois quartiers. Ces organismes connaissent le programme et les bénéfices que les participants en retirent. Ils sont donc très enthousiastes à l’idée de travailler en collaboration avec la maison de la culture.

Pour Martin Hurtubise, cette confiance que les organismes témoignent au programme est le meilleur critère d’évaluation des projets de médiation culturelle. Certes, les chiffres de fréquentation sont des indicateurs intéressants. Mais les retombées de ces actions, l’agent culturel les mesure en observant l’empressement des organismes à vouloir participer à un projet, et non le nombre de personnes présentes à chacun d’eux.