Le rhizome d’Ondinnok et de la Marie Debout

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Crédit photo: Johanne Chagnon

« Rhizome signifie pour moi la profondeur, le partage et l’apprentissage d’une nouvelle langue et d’une gestuelle dont l’amplitude me surprend à chaque atelier. Plus encore, ce projet fait s’entrecroiser en moi le passé et le présent et m’ouvre les yeux sur l’invisible, qui est aussi réel et vrai que le monde visible. »  
— 
Roxane Thériault – membre du Projet Rhizome

Tout au féminin, Rhizome est le fruit d’un projet de médiation culturelle entre la compagnie de théâtre autochtone Ondinnok et La Marie Debout, un centre de femmes situé dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Accompagnées de trois femmes artistes autochtones – la poète Joséphine Bacon, la chorégraphe Leticia Vera et la chanteuse Moe Clark – ainsi que par Catherine Joncas d’Ondinnok, une dizaine de participantes sont parties à la rencontre de la part autochtone présente en chacune d’elles au travers d’ateliers de création.

Retrouvez-les le jeudi 7 mai 2015 à la maison de la culture Frontenac dans le cadre du Printemps autochtone d’Art DEUX : elles témoigneront en paroles, en mouvements et en chants de cette rencontre avec l’univers d’Ondinnok.

 

Le rhizome, cette racine de la multitude

La compagnie de théâtre autochtone Ondinnok n’en est pas à son premier projet de médiation culturelle. Néanmoins, c’est la première fois qu’elle peut développer un projet sur une si longue période. Depuis sa première rencontre avec les femmes de La Marie Debout lors de la diffusion de Tu é Moi, des liens de plus en plus ténus se sont tissés entre les deux organismes jusqu’à ce qu’émerge l’idée d’un projet commun : Rhizome. Ce projet d’un an propose aux femmes de La Marie Debout un voyage en territoire autochtone à la découverte d’elles-mêmes et de leurs racines.  

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Ateliers avec Joséphine Bacon et avec Catherine Joncas //Crédits photo : Agathe Kissel et Thérèse Cloutier

C’est une des participantes qui a trouvé le nom du projet : le « rhizome ». Structure souterraine de propagation et de génération, le rhizome est un végétal surprenant : on ne sait jamais où ni comment il va se manifester. Surtout, ses ramifications se développent de manière horizontale et non hiérarchique. Une image qui correspond bien à l’organisation traditionnelle autochtone, où l’apprentissage se fait par l’imitation et par l’expérience.

Tel un rhizome enfoui et invisible à la surface, le projet de médiation culturelle s’est déployé en plusieurs phases pendant lesquelles les participantes ont pu aller à la rencontre d’elles-mêmes, mais aussi de cette lointaine parente autochtone présente en chacun de nous.

 

Des ateliers de création au rythme des saisons

À l’automne, les femmes ont participé à des ateliers exploratoires menés par la cofondatrice et codirectrice artistique d’Ondinnok, Catherine Joncas. L’utilisation de pierres, de masques et l’expérience de cérémonies ont permis à toutes les participantes de redécouvrir leurs ancêtres et leurs origines personnelles.

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La marche de la vulnérabilité et la danse de la sensibilité//Crédits photo : Thérèse Cloutier et Agathe Kissel

Le solstice d’hiver a marqué le début des ateliers de création autour du partage d’un repas traditionnel. Lors de ce plongeon dans l’histoire et dans les traditions autochtones, les participantes ont rencontré trois artistes autochtones : la poète Joséphine Bacon, la chorégraphe Leticia Vera et la chanteuse Moe Clark. Trois femmes, trois horizons différents, trois formes d’affirmation artistique. Trois façons d’être autochtone qui ont été explorées pendant tout l’hiver au travers d’ateliers de création.

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Crédit photo : Agathe Kissel

Seize mots provenant initialement du dictionnaire cri/français datant de 1872 sont au cœur de ces ateliers. C’est ce même dictionnaire qui a inspiré Catherine Joncas dans l’écriture de sa pièce Le rendez-vous/Kiskimew. Avec cette dernière, les participantes ont été invitées à y choisir un mot qui les a accompagnées pendant toute la durée du projet. « Les femmes étaient surprises de la résonance du mot dans leur vie, raconte Amélie Girard, directrice de production d’Ondinnok. Mais dans notre démarche, nous ne parlons pas de hasard. Ce n’est pas nous qui avons choisi le mot, c’est le mot qui nous a choisies, qui nous a appelées parce qu’il a des choses à nous apprendre. »

Avec Joséphine Bacon, les participantes sont parties de leur mot en cri pour le traduire en innu. Elles ont travaillé sur la signification et sur la prononciation de leurs mots, et ont réalisé un poème collectif à partir d’eux. Par la langue, elles ont pu avoir un accès privilégié à la culture innue.

Avec la chorégraphe mexicaine Leticia Vera et la chanteuse métisse Moe Clark, elles ont travaillé sur le corps et sur la voix. Elles ont appris que le geste et la voix pouvaient être portés collectivement, mais elles ont aussi été à la rencontre de leur propre identité. Elles nous dévoilent ce cheminement sur un blogue magnifique où chacune a déposé quelques phrases et des images issues du journal de bord qu’elles ont tenu individuellement pendant tout le projet.

 

La transmission d’une expérience collective

Guidés par Catherine Joncas, ces ateliers ont mené à la création d’une œuvre collective, présentée dans le cadre du Printemps autochtone d’art DEUX. Les festivités de cet événement multidisciplinaire ont commencé le mardi 28 avril à la maison de la culture Frontenac. Elles se prolongeront jusqu’au 6 juin dans une édition placée sous le signe de la femme : commissaire d’exposition, artistes et artisanes, anthropologue, chorégraphe, danseuses, comédiennes, cinéaste, poètes, chanteuses seront au rendez-vous de cet événement multidisciplinaire. L’événement sera également l’occasion pour Ondinnok de fêter ses 30 ans de création lors d’un cabaret réunissant de nombreux artistes.

Exclusivement féminine elle aussi, la soirée Rhizome sera l’occasion de présenter, en paroles et en mouvement, le résultat des ateliers organisés par Ondinnok en collaboration avec le centre de femmes La Marie Debout. Le 7 mai 2015 dès 19 h 30, les artistes et les femmes qui ont participé au projet vous accueilleront avec du thé, de la bannique (un pain sans levain d’origine autochtone), des chants, de la danse, de la musique et de la poésie. À la fin de cette soirée, les personnes présentes seront invitées à leur tour à laisser une trace permanente afin que leur rhizome continue à s’étendre.

Printemps autochtone d’art DEUX : du 28 avril au 6 juin 2015 à la maison de la culture Frontenac
Soirée Rhizome : jeudi 7 mai 2015 à la maison de la culture Frontenac 
Laissez-passer disponible en ligne (ou directement à la maison de la culture)

 

À noter : Le projet bénéficie d’un soutien financier du Programme de partenariat culture et communauté.

 


Pour aller plus loin…

>> Découvrez le programme du Printemps autochtone d’art DEUX sur le site d’Ondinnok.

>> Suivez le blogue du projet Rhizome

>> Explorez notre dossier spécial sur la médiation culturelle et la culture autochtone.