Portraits de femmes sur paysages imaginés IV est un projet de médiation en arts visuels réalisé en 2023 par Les Filles électriques en partenariat avec la Maison des femmes sourdes de Montréal. Dans un esprit de valorisation et d’autodétermination, la photographe Caroline Hayeur et l’artiste interdisciplinaire D. Kimm (fondatrice et directrice des Filles électriques) avaient pour but de créer avec des femmes sourdes une série de portraits photographiques fantaisistes et de les exposer publiquement.

Il s’agit de la quatrième édition des « tableaux vivants » amorcés en 2014 par les deux artistes qui ont précédemment collaboré avec des femmes haïtiennes et la Maison d’Haïti, des femmes de la communauté laotienne, et des femmes ayant des enjeux de santé mentale fréquentant le Centre d’apprentissage parallèle (CAP).

Après quelques rencontres axées sur la découverte mutuelle et les paramètres du projet, une série d’activités a permis aux femmes d’élaborer leur personnage – son attitude, sa situation et sa tenue vestimentaire – soutenues par Caroline Hayeur et D. Kimm. Lors de la journée des prises de vue en studio, chaque femme, maquillée, coiffée et habillée en fonction de son personnage, a été photographiée sur un fond blanc pour être ensuite intégrée par le graphiste Luc Beauchemin dans le paysage fantaisiste qu’elle avait choisi au préalable. Il était primordial que les participantes soient en contrôle de leur image du début à la fin du processus.

L’expérience développée par les Filles électriques qui travaillent avec la communauté sourde depuis plusieurs années a permis d’adapter judicieusement les activités et les ressources déployées. Le recrutement et la mobilisation des participantes ont été confiés à Marie-Pierre Petit, artiste clown sourde et coordonnatrice du projet. Une jeune photographe sourde, Mara Moran Rios, a également été engagée pour documenter les coulisses de la journée des prises de vue en studio.

Collaborer avec des personnes sourdes posait quelques défis logistiques, car elles ne communiquent pas toutes de la même manière. Certaines sont oralistes (lisent sur les lèvres et parlent le français), d’autres emploient uniquement la langue des signes québécoise (LSQ), toutes n’ont pas le même niveau d’aisance avec les nouvelles technologies.

Utiliser plusieurs canaux de communications parallèles (courriels, appels SRV – Service Relais Vidéo, messages vidéo en LSQ, etc.) tout en réunissant les participantes dans un même groupe de discussion en ligne a permis de soutenir la cohésion d’ensemble. Aussi, pour assurer la fluidité du projet, la même interprète était présente à chacune des rencontres.

Le tout a culminé par deux expositions présentées en octobre 2023, lors du Festival Phénoména produit par Les Filles électriques. D’abord, durant dix jours à la galerie du Centre d’Apprentissage Parallèle, un espace bien situé sur la rue Saint-Laurent. Ensuite, pendant trois jours à la Grande Bibliothèque, dans le cadre du colloque La diversité capacitaire fait vibrer la culture organisé par Véro Leduc, artiste et professeure sourde à l’UQAM, avec la Chaire de recherche du Canada sur la citoyenneté culturelle des personnes sourdes et les pratiques d’équité culturelle. Au total, plus de 150 personnes ont vu les portraits photographiques.

À travers les deux expositions, le projet a eu un effet rassembleur auprès de la communauté sourde de Montréal, ses membres assistant en grand nombre aux vernissages. Les femmes ont retiré un fort sentiment de fierté de cette expérience et ont émis le souhait de participer à d’autres projets.

L’une d’elles étant directrice du Centre de la communauté sourde du Montréal métropolitain (un organisme qui aide, entre autres, les personnes sourdes et malentendantes immigrantes ou réfugiées en les accompagnant dans leurs démarches auprès des autorités et des employeurs), de nouvelles collaborations pourraient voir le jour.

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Ce projet bénéficie du soutien financier de la Ville de Montréal et du ministère de la Culture et des Communications dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal.

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crédits photo : Caroline Hayeur et Mara Moran Rios, 2023