Les RIDM, des rencontres culturelles à longueur d’année |
On connait bien les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) pour leur festival qui a lieu chaque année en novembre. Mais l’organisme est aussi très impliqué tout au long de l’année dans des actions de sensibilisation auprès de publics variés. Avec le programme Jeunes Publics, des adolescents réalisent un webdocumentaire, rencontrent des professionnels du cinéma tout au long de l’année ou deviennent les jurés du Prix étudiant pendant le temps du festival. Avec le programme En prison, les RIDM proposent à la population carcérale des projections, des ateliers et des discussions sur des sujets qui les concernent pour leur donner l’occasion d’aller à la rencontre de l’autre sur un pied d’égalité. L’organisme s’est vu remettre le premier Prix de l’action culturelle de la Ville de Montréal au printemps 2014 pour l’excellence de ce projet en milieu carcéral.
Sans cell, trop cruel, un projet pilote dans l’école secondaire Jeanne-Mance
Sans cell, trop cruel est un projet de webdocumentaire mis en place en 2014 par les RIDM. Il a été conçu et réalisé par un groupe d’élèves de l’école secondaire Jeanne-Mance. Dans cette école, il est interdit d’utiliser un appareil électronique à l’intérieur de tout l’établissement. Si un élève se fait surprendre, il se fait confisquer son téléphone pour une période de dix jours. Certains se conforment au règlement, d’autres trouvent des manières de le contourner. En leur donnant la parole, Sans cell, trop cruel leur a permis d’aborder les questions de la dépendance aux technologies et de la pertinence d’un tel règlement.
Encadrés par la réalisatrice Marie-Claude Fournier et par plusieurs professionnels du milieu, les étudiants ont suivi des ateliers de création pendant toute l’année scolaire 2013-2014. Ils ont pu s’approprier de nouveaux outils autour de la prise de son, du montage, de la direction artistique ou du développement web. «Je crois sincèrement que ce type d’activité les aide à développer leur créativité et à structurer leurs idées», explique la réalisatrice Marie-Claude Fournier. «Le résultat devrait importer peu. C’est le processus qui compte et les connaissances qu’ils acquièrent à chaque étape. Mais finalement dans ce cas-ci, les élèves étaient très fiers du résultat qui était au-delà de leurs attentes et même des miennes !»
Une entrevue avec Marie-Claude Fournier
Nous avons rencontré Marie-Claude Fournier pour qu’elle nous parle de son expérience avec les élèves de l’école secondaire Jeanne-Mance. Marie-Claude a réalisé Femme centaure en 2014, le webdocumentaire Mes États*nordiques qui a reçu le GÉMEAUX de la meilleure série documentaire interactive en 2013 et diverses séries documentaires (Le sexe autour du monde à TV5, La médiation culturelle au Canal Savoir). Découvrez son entrevue sur notre site.
Découvrez le webdoc réalisé en 2015 pour les élèves de l’école Amos
En 2015, 25 élèves de l’école Amos participent à la seconde édition du projet. Les réalisatrices Nadine Gomez (Le Horse Palace) et Catherine Therrien (Le bruit des mots) les accompagnent dans la création d’INTERSECTIONS. Les jeunes ont décidé à travers INTERSECTIONS d’explorer leur quartier, de nous parler de cohabitation, d’idées préconçues et de préjugés, pour réussir enfin à démystifier Montréal-Nord.
Ce nouveau genre multimédia diffusé sur Internet permet au spectateur une lecture interactive, associant à la fois photos, vidéos, textes et sons. Il a, depuis deux ans, sa propre section aux RIDM : les UXdoc, avec une salle dédiée aux projets interactifs à la Cinémathèque québécoise, en plus des webdocumentaires en salle en navigation assistée.
Des projections en classe tout au long de l’année
Pour les RIDM, c’est important de faire connaître le documentaire aux jeunes. Il peut être un outil pour lutter contre le décrochage scolaire, pour favoriser le processus d’apprentissage, mais aussi tout simplement pour aider les élèves à se forger un regard sur le monde. De janvier à juin 2014, 800 jeunes ont pu profiter de 25 projections et de l’expérience de professionnels venus les rencontrer.
Ils ont pu voir, en présence des réalisateurs et de collaborateurs, les webdocumentaires interactifs Le bruit des mots de Catherine Therrien qui sort la polyvalente de son mutisme par la poésie, Ma tribu de Myriam Verreault, une réflexion sur l’impact identitaire des réseaux sociaux , ou Mes États*Nordiques de Marie-Claude Fournier et Anne Laguë, l’expérience d’une enseignante dans le Grand Nord québécois . Ou encore les films Alex marche à l’amour de Dominic Leclerc, un roadmovie en hommage à l’Abitibi et à la poésie de Gaston Miron, Bidonville, architecture de la ville future de Jean-Nicolas Ohron, un voyage d’une grande beauté dans les bidonvilles du monde entier, À jamais pour toujours de Alexandra Sicotte-Lévesque qui suit le parcours de six jeunes Soudanais à l’aube de la séparation de leur pays. En amorçant une rencontre avec ces œuvres et avec leurs créateurs, ces projections permettent aux élèves de réfléchir et de s’exprimer sur des sujets actuels tout en découvrant un genre peu connu d’eux.
Si vous souhaitez organiser une projection dans votre école, contactez mjegoux@ridm.qc.ca . Les RIDM sont en train de préparer le programme pour la prochaine session qui aura lieu de janvier à juin 2015.
Le festival, un autre lieu de rencontre avec le documentaire
Les RIDM offrent aussi de nombreuses activités de médiation culturelle pendant le festival RIDM. Outre les projections Jeunes Publics proposées chaque jour de semaine du festival, les RIDM organisent pour la première fois un Prix étudiant qui sera remis à l’un des longs métrages de la compétition nationale par un jury composé de six élèves de différents cégeps montréalais. Le jury a été choisi sur un appel de candidatures dans le cadre duquel les élèves devaient envoyer un dossier comprenant une critique d’un film documentaire et une lettre de motivation. Les six jurés sélectionnés vivront une expérience immersive aux RIDM avec des projections de films, des délibérations, des rencontres avec les différents invités et des rendez-vous privilégiés avec les réalisateurs de leur compétition. Ils seront invités à partager leur expérience tout au long du festival via le blogue des RIDM. C’est une expérience unique et particulièrement formatrice.
Des films et des ateliers en milieu carcéral
Chaque année depuis 2011, les RIDM accueillent également un jury composé de cinq détenues de l’établissement Joliette. Les femmes visionnent huit films issus de la programmation du festival et remettent un prix à leur favori lors de la soirée de clôture du festival. En 2011, le « Prix des détenues » a été remis au film Bouton de Res Balzli, en 2012 à 5 Broken Cameras d’Emad Burnat et Guy Davidi, en 2013 à Expedition to the End of the World de Daniel Dencik.
Les RIDM ont développé depuis plusieurs années un programme de diffusion en milieu carcéral en partenariat avec la Société Elizabeth Fry du Québec. Grâce au soutien que les RIDM reçoivent depuis mars 2013 du Programme de partenariat culture et communauté de la Ville de Montréal dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel, ils peuvent également offrir aux centres de détention des ateliers de critique cinématographique. Les établissements Bordeaux, Rivière-des-Prairies, Tanguay et Thérèse Casgrain reçoivent donc les RIDM pour des activités de médiation en deux temps : la première visite est consacrée à la projection d’un film suivi d’une discussion avec le réalisateur, la deuxième consiste en un atelier d’écriture animé par un intervenant spécialisé. Ces ateliers sont l’occasion d’approfondir les connaissances des participants sur les différentes étapes de création d’un film et d’aiguiser leur regard critique. Cette initiative s’est avérée très appréciée jusqu’à maintenant, et l’équipe des RIDM a pu lire de nombreux textes inspirés et inspirants écrits par les participants.
En mars, les femmes du Centre de détention Maison Tanguay ont notamment pu découvrir le premier long métrage documentaire Bidonville, architecture de la ville future (RIDM 2013) de Jean-Nicolas Orhon. Une belle discussion a suivi la projection entre les spectatrices et le réalisateur. Découvrez les textes des femmes qui ont participé à l’atelier d’écriture de critique cinématographique dirigé par Helen Faradji le 17 mars.
Plus d’informations sur toutes les initiatives des RIDM en milieu carcéral, consultez leur site Internet ici.
Le Prix de l’action culturelle pour les RIDM dans les prisons
Ce projet a reçu cette année le tout premier Prix de l’action culturelle. Développé par la Ville de Montréal en signe de reconnaissance envers le milieu culturel pour son ouverture, sa créativité et son engagement à l’endroit des citoyens, le Prix de l’Action culturelle souligne la réussite d’une action culturelle importante en faveur de l’appropriation de la culture par des clientèles montréalaises plus éloignées de l’offre culturelle professionnelle, telles que les jeunes, les communautés culturelles et les familles. Le prix s’accompagne d’un certificat et d’une bourse de 2 500 $.
« RIDM s’est démarqué auprès d’une clientèle spécifique et a su offrir une activité culturelle originale et de très grande qualité en milieu carcéral. Je félicite l’organisme lauréat, ainsi que les finalistes et tous les candidats à cette première remise du Prix de l’action culturelle qui récompense les efforts de médiation culturelle à Montréal. Je souhaite longue vie à ce prix et encourage les organismes culturels montréalais à développer de nouvelles activités de médiation et à soumettre leur candidature pour la remise du prix l’an prochain », a affirmé Mme Manon Gauthier, membre du comité exécutif responsable de la culture, du patrimoine, du design, d’Espace pour la vie et du statut de la femme, lorsqu’elle a remis le prix.
Ces actions reçoivent le soutien du Programme de partenariat culture et communauté de la Ville de Montréal.
En savoir plus
<< Pour organiser une projection dans votre école, contactez mjegoux@ridm.qc.ca .
<< Pour une immersion dans un atelier d’écriture, voici l’article de Martin Bilodeau paru dans Le Devoir.
<< Pour en apprendre davantage sur le programme En prison, vous pouvez aussi lire l’article publié par Culture pour tous, « Le documentaire à travers les murs ».
<< Pour découvrir les textes des participants des projections en milieu carcéral, rendez-vous sur le blogue des RIDM.
<< Écoutez André-Line Beauparlant, réalisatrice du film Trois princesses pour Roland, et Daniel Racine, critique de cinéma, parler de leur expérience dans le cadre des RIDM en milieu carcéral.