Là d’où je viens, là où je suis |
Là d’où je viens, là où je suis est un projet de médiation culturelle qui aborde la question identitaire en contexte de migration. Mené par la compagnie de danse Les sœurs Schmutt, il s’inscrit dans l’étape de recherche-création d’une série de trois solos intitulée Dream On. Fidèles à leur mode de travail collaboratif et transversal, les chorégraphes et interprètes de la compagnie sont allées à la rencontre d’adultes récemment arrivés au Québec, afin d’approfondir ensemble la réflexion sur l’identité culturelle et ses multiples enjeux.
Le processus proposait aux participantes et aux participants de nouvelles formes d’échanges pour repenser globalement la notion d’identité et de territoires par le biais d’ateliers physiques et réflexifs. À travers l’expérience du corps en mouvement, il visait également à valoriser la danse contemporaine tout en suscitant un intérêt pour l’offre culturelle de quartier.
Ainsi, de novembre 2021 à avril 2023, des groupes d’adultes inscrits à un programme de francisation, provenant des cinq continents et arrivés à Montréal depuis moins d’un an, se sont impliqués dans une série de trois ateliers minimum. D’une durée de deux heures, les rencontres se déroulaient au centre de formation, puis dans une Maison de la culture avoisinante.
Le tout s’est déployé dans trois arrondissements, bénéficiant de l’appui de différents partenaires : Maison de la culture Janine-Sutto (centre Gédéon-Ouimet), Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce (ALAC et Bienvenue à NDG), Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal (centre Saint-Louis). Au total, 155 personnes nouvellement arrivées à Montréal y ont participé. 98% d’entre elles n’avaient jamais vu de danse contemporaine, 95% ne connaissaient pas l’existence des Maisons de la culture.
Les deux chorégraphes interprètes de la compagnie, Élodie et Séverine Lombardo, agissaient à titre de médiatrices culturelles et artistes. Les deux autres interprètes du projet Dream On, Chi Long et Peter Troztmer, intervenaient ponctuellement. Fait à noter, les trajectoires de vie de ces quatre artistes sont elles-mêmes liées à la migration, et ont servi d’ancrage à la première étape de création des chorégraphies.
Les solos en cours de développement agissaient comme fil conducteur au cheminement en trois étapes proposé à chaque groupe. Une approche tant physique que réflexive était déployée pour aborder collectivement la problématique identitaire chez les personnes migrantes, à travers les thèmes de l’héritage culturel, la transformation et les enjeux de transmission.
La première rencontre servait à créer une zone de confiance et d’échanges fluides, intégrant des visionnements de chorégraphies et des jeux de mise en situation, tout en faisant des allers-retours entre expériences personnelles et questionnements universels.
À la deuxième rencontre, un des solos en cours de création était dansé par son interprète. Suivait une discussion-analyse permettant aux participantes et aux participants de se projeter dans la chorégraphie, et aux artistes de nourrir leur démarche.
La troisième rencontre était un atelier « bougé » inspiré du solo vu précédemment, où le travail d’improvisation et de composition en groupe faisait le pont entre mémoire et transformation.
Par son approche circulaire, les impacts du projet ont été bénéfiques tant pour les participantes et participants que pour les artistes. Décloisonner le processus artistique en impliquant des personnes vivant au quotidien la problématique abordée par une œuvre en création faisait appel, de part et d’autre, à la confiance, au dévoilement et à l’authenticité.
Une trentaine de personnes du centre Saint-Louis ont pu participer à sept ateliers, voyant un à un chacun des trois solos. Entre les rencontres, leur professeure créait des exercices réflexifs à propos du bagage culturel et de la transmission. Des commentaires bouleversants ont été émis par certaines de ces participantes et participants, à propos de l’impact des ateliers dans leur vie présente et sur la nécessité de telles rencontres.
Grâce à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal, il a été possible de mener des ateliers avec d’autres groupes de cette même professeure pendant une année supplémentaire. De plus, trois nouveaux partenaires se sont manifestés pour 2024.
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Ce projet bénéficie du soutien financier de la Ville de Montréal et du ministère de la Culture et des Communications dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal.
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crédit photo : Les sœurs Schmutt