La débâcle : microdocumentaires d’une reprise |
La débâcle : microdocumentaires d’une reprise est un projet de médiation culturelle en arts médiatiques mené par la compagnie de création Face de Râ à l’automne 2022 auprès de huit adultes âgés de 20 à 70 ans, vivant avec des problématiques de santé mentale, arrivés à une étape de rétablissement et hébergés sous le même toit.
Dans l’esprit des “stories” que l’on retrouve dans les réseaux sociaux, ce projet avait pour but que chacune et chacun réalise une courte vidéo documentaire basée sur un défi personnel, un blocage, et l’espoir d’un déblocage vu comme une débâcle. Afin d’engendrer un processus créatif fécond, il était essentiel de susciter une participation significative de la part de ces personnes vulnérables et éloignées de l’offre culturelle, et de travailler avec elles dans un contexte sécuritaire.
En collaboration avec le Service de rétablissement et d’intégration sociale de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et le CIUSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, dix ateliers de 120 minutes ont été menés par Mireille Tawfik, autrice, interprète et médiatrice culturelle chez Face de Râ, appuyée par le pair aidant Rafael Charky.
Afin de se préparer adéquatement à interagir avec des participantes et des participants vivant avec des troubles anxieux, de l’humeur ou psychotiques, Mireille Tawfik a consulté en amont des personnes pratiquant la médiation culturelle dans le milieu de la santé mentale. Les ateliers ont été conçus en collaboration avec Rafael Charky – qui connaissait le groupe depuis douze mois – pour s’assurer que les activités étaient adaptées aux besoins et aux capacités des participantes et des participants. Pendant le projet, le pair aidant était sur place et l’artiste-consultante Michelle Parent prodiguait ses précieux conseils.
La majorité des ateliers ont eu lieu dans l’arrondissement de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, où est située La Bonne Étoile, ressource d’hébergement de l’Institut Douglas où vivaient alors les participantes et les participants. Chaque rencontre débutait par une activité d’accueil (choisir une carte reflétant son humeur du jour) et un moment d’ancrage (méditation guidée). Suivait la présentation d’une œuvre ou d’une consigne pour déclencher une période de création. Une pause-collation était toujours incluse et très appréciée.
Pour façonner leur microdocumentaire à propos d’un défi personnel et de son déblocage, les participantes et les participants ont exploré l’écriture, la photo, la vidéo et l’enregistrement sonore. Le groupe est également allé visiter l’exposition Jusqu’où peut-on se voir vers l’intérieur ? présentée à la Galerie Powerhouse et a accueilli la photographe et cinéaste Sarah Seené lors d’une séance photo polaroid.
Le tout a culminé par la présentation de leurs créations dans un contexte professionnel, au Quai 5160 à Verdun, afin de valoriser le processus et le travail accomplis. Proches et membres de l’équipe du CIUSS ont pu assister au vernissage en compagnie des participantes et des participants, leur procurant un sentiment de fierté.
Travailler avec un groupe préexistant a permis d’assurer l’assiduité et la cohésion. Les difficultés liées aux changements d’état d’esprit, à la compréhension des consignes et à la portée du projet furent estompées par les interventions du pair aidant sur place, et par les suggestions de l’artiste-consultante.
La vidéo souvenir, remise à chacune et chacun, témoigne de l’importance de l’expérience partagée, du plaisir d’être ensemble, de faire quelque chose de nouveau, de valorisant, qui contribue à se percevoir différemment et à aller de l’avant.
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Ce projet bénéficie du soutien financier de la Ville de Montréal et du ministère de la Culture et des Communications dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal.
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crédit photo : Sarah Seené, 2022