De la danse contre la violence |
Depuis plus de cinq ans, la compagnie Montréal Danse s’est engagée dans une démarche de médiation culturelle destinée aux femmes victimes de violence conjugale. Avec l’Agora de la danse et la maison d’hébergement pour femmes La Dauphinelle, il a fondé Danse contre la violence qui offre des ateliers de danse à des femmes victimes de violence conjugale au sein de maisons d’hébergement. L’objectif : aider ces femmes à se réapproprier leur corps, à regagner équilibre et confiance. Depuis sa création, l’initiative québécoise a piloté plus de 150 ateliers dans des maisons d’hébergement.
Danse contre la violence – Assistance aux femmes de Montréal from Assistance aux Femmes on Vimeo.
Décider pour elles-mêmes
Proposer des ateliers de danse à des femmes ayant subi de la violence familiale est une idée qui a germé il y a plus de 15 ans à New-York grâce à l’initiative de la chorégraphe Gina Gibney. Mais c’est Amélie Dionne-Charest, avocate en droit médical, qui a décidé de le transplanter au Québec en 2010, grâce à Kathy Casey de Montréal Danse, Francine Bernier de l’Agora de la danse et Sabrina Lemeltier de la maison d’hébergement La Dauphinelle. Pour mettre en place ce projet, l’Agora de la danse a bénéficié d’un soutien financier pluriannuel de trois ans, de 2010 à 2012, du Programme de partenariat culture et communauté de l’Entente sur le développement culturel.
L’expérience de l’américaine Gina Gibney a été essentielle pour pouvoir accueillir des femmes qui arrivent dans un état de grande fragilité dans les ateliers. Mais l’approche québécoise a néanmoins pris une orientation singulière au fil de l’expertise développée sur le terrain. La sensibilité des trois danseuses, Maryse Carrier, Elinor Fueter et Rachel Harris, les a menées à orienter davantage les ateliers vers la relation avec autrui et vers la créativité au travers d’exercices où les participantes sont invitées à prendre des initiatives. «Parce qu’elles décident quelque chose pour elles-mêmes, la création est une reprise de pouvoir et de liberté pour ces femmes», explique Amélie Dionne-Charest dans un article paru dans Le Devoir en 2013.
Revaloriser le corps par la danse
Chaque atelier débute par un court échauffement ludique, puis les participantes suivent une série d’exercices leur permettant de créer des mouvements qu’elles mettent ensuite en commun. Chaque atelier est conçu pour être un moment de partage, d’autonomie et de réconfort par le biais de la danse et du corps. Les femmes sont averties qu’elles peuvent à tout moment refuser de faire quelque chose qui les met mal à l’aise. Cette liberté de choix donne le ton aux ateliers.
Danse contre la violence est devenu ainsi une initiative unique en son genre pour la cause des femmes. Les ateliers ne sont pas des ateliers thérapeutiques : ils ne sont pas donnés par des médecins, mais par des danseuses professionnelles. Néanmoins, ils offrent aux femmes de la détente et du bien-être, ainsi qu’un moment pendant lequel elles reprennent contact avec leur corps. Les trois danseuses travaillent à ce que les ateliers permettent au corps de redevenir source de fierté et de créativité. Si bien qu’au fil des séances les femmes retrouvent le pouvoir sur un corps qui était devenu un territoire de peur et de douleur. Elles reprennent confiance en elles et aux autres.
À ce jour, Danse contre la violence offre 40 ateliers annuels. Depuis sa création, l’organisme a travaillé avec quatre centres d’hébergement différents, pour le bénéfice de plus de 1000 femmes, avec des résultats formidables sur le bien-être à plus long terme des participantes. D’ailleurs, certaines femmes continuent de participer aux ateliers même après avoir quitté le centre d’hébergement. La cause doit encore se développer : offrir davantage d’ateliers et élargir l’action de Danse contre la violence à d’autres maisons d’hébergement permettra à plus de femmes de bénéficier des ateliers de danse.
À noter : L’organisme Montréal Danse, en partenariat avec La Dauphinelle, Assistance aux femmes et l’Agora de la danse, bénéficie du soutien financier du Programme de partenariat, culture et communauté pour réaliser le projet Danse contre la violence.
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