Réinventer le Québec au théâtre avec des femmes nouvellement immigrantes |
Le Festival du Jamais Lu, l’organisme Petites-Mains et l’auteure Marcelle Dubois se sont associés en 2010 pour offrir à des femmes nouvellement immigrantes des ateliers d’écriture dans le cadre de cours de francisation. Au travers d’ateliers d’écriture et de discussions, les femmes découvraient le processus créateur qui mène à l’écriture d’une pièce. Marcelle Dubois a fréquenté le groupe pendant huit mois, dans l’espoir de lui inspirer de nouveaux mots pour parler de sa réalité.
Elles sont avocates, agronomes, traductrices, gestionnaires d’entreprise… Elles viennent du Maroc, du Chili, de Roumanie, de l’Iran… Entre la reconnaissance de leurs équivalences, le décodage des particularités culturelles et les débats politiques actuels, elles cherchent l’équilibre. Pendant les huit mois de partage entre ces femmes et l’auteure, cette dernière leur a donné des ateliers d’écriture questionnant leur rapport à leur terre d’accueil, à leur identité, leurs espoirs. Pour faciliter l’expression libre des participantes, ces dernières pouvaient faire part de leurs opinions sur le projet de manière anonyme grâce à la mise en place d’une boîte aux lettres diposée dans les ateliers.
Marcelle Dubois a été nourrie par toutes ces rencontres pour élaborer un docufiction qui a été lu à deux reprises, à la maison de la culture de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et pendant le Festival du Jamais Lu. Québec, je te mangerai un jour! est étonnant. Les femmes y livrent leur vision du monde d’une façon sensible, avec une très grande qualité de réflexion sociale. Le texte témoigne de la complicité qui s’est développée entre la quinzaine de femmes du programme d’insertion sociale de Petites Mains Défi Montréal 2010, et l’auteure. Le docufiction est tissé des textes écrits par les participantes, des reconstitutions des conversations animées qu’elles ont eues, d’inventions de la part de l’auteure pour tenter de mettre en mots ce qu’elle y a capté
«MARCELLE : Je suis venue ici pour essayer de m’agripper, de me cramponner, d’appartenir. C’est ça! Appartenir. À ce qui semble être dissocié. Je veux intégrer et être intégrée. Réunir ce qui est à réunir de nos identités respectives. Cesser d’appartenir à la part accueillante. Être accueillie. Pour vivre avec. Parce que les discours ambiants et leurs applications quotidiennes me perdent. Je suis venue rejeter le legs fait à l’enfant post-révolution tranquille que je suis. Oui, c’est ça. Je suis venue me libérer d’une rectitude, d’un discours, d’une réflexion sociétale qui invente un argumentaire politique pour cacher sa peur de perdre sa laine pure.»
— Extrait du texte Québec, je te mangerai un jour!
À noter : Le projet de médiation culturelle a bénéficié du soutien financier du Programme de médiation culturelle des arrondissements montréalais.